Scène de jardin historique avec une fontaine au centre, entourée d'arbres et de personnes en vêtements d'époque se promenant et conversant, avec un grand bâtiment à l'arrière-plan.
Histoire

Le comte de Buffon

Un scientifique bourguignon au Jardin du Roi

Comment Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, est devenu l’un des plus grands scientifiques du Siècle des Lumières.

par
Tony Fouyer, Musée et Parc Buffon (s'ouvre dans une nouvelle fenêtre) (Les Amis du Patrimoine Européen)

Contemporain de Voltaire, de Rousseau et de Montesquieu, Georges Louis Leclerc (7 septembre 1707, Montbard – 15 avril 1788, Paris), connu sous le titre de comte de Buffon, est l’un des scientifiques les plus importants du Siècle des Lumières.

Portrait d'un homme entouré de motifs végétaux, d'oiseaux et de putti. En bas, l'inscription : BUFFON

Cette période qui est probablement l’une des plus prolifiques de l’histoire est marquée par de profonds questionnements et des bouleversements dans les domaines littéraires, culturels et scientifiques. Buffon est reconnu pour ses travaux et surtout pour son verbe. Si Diderot bénéficie d’une aura plus importante aujourd’hui, ce n’était pas le cas au XVIIIe siècle.

En Bourgogne et à Paris

Destiné à une carrière de magistrat comme son père, Buffon choisit de se consacrer aux sciences, en commençant par les mathématiques. En 1733, il est élu à l’Académie royale des sciences, un poste qui lui offre une stabilité financière et qui lui permet de se consacrer à ses recherches.

Ce poste contribue également à construire sa réputation, grandissante au sein de la cour royale. Ses recherches sur l’amélioration du bois destiné à la construction navale lui permettent d’être nommé Intendant du Jardin et du Cabinet du Roi en août 1739.

Page d'un livre ancien comportant une illustration d'une bibliothèque au-dessus d'un texte en français, intitulé « Histoire Naturelle : Description du Cabinet du Roy.

Pour autant, il ne délaisse pas ses propriétés montbardoises qu’il va prendre grand soin d’aménager avec un jardin d’expérimentation. Il y installe une pépinière royale avec des espèces végétales venues du monde entier.

Une illustration en tons sépia représente un paysage pittoresque avec des arbres, une tour et une chapelle. Deux personnes marchent sur un chemin au premier plan. L'image porte la mention « Côte d'Or ».

Il a ainsi l’opportunité d’analyser ces espèces et d’étendre leur culture au Jardin du Roi. Ce travail marque les débuts de sa carrière de naturaliste.

L’Histoire naturelle

Profitant de l’émergence de l’intérêt pour les sciences, Buffon consacre une grande partie de sa vie à l’histoire naturelle, qu’il contribuera à établir comme discipline majeure. Il rassemble le plus grand nombre d’espèces minérales, végétales et animales du monde entier formant ainsi des collections.

C’est le socle de l’Histoire naturelle, dont l’objectif est d’étudier toutes les productions du vivant. Il nomme les espèces, les classe, les fait représenter et partage le fruit de ce travail. Il diffuse ses résultats à partir de 1740. Cela prend la forme de 36 volumes intitulés Histoire naturelle, générale et particulière.

Page de titre de l'« Histoire Naturelle, Générale et Particulière » par Le Comte de Buffon, Oiseaux Tome XII, 1787, publiée par Chez Sanson & Compagnie, avec le cachet du British Museum.

Les collections, elles, sont conservées au Jardin du Roi. Dans ce processus, la royauté joue un rôle important puisque Buffon bénéficie de son soutien. D’ailleurs, c’est au sein de l’Imprimerie royale que sont édités chacun des volumes et que les ouvrages reçoivent leurs illustrations. Le papier utilisé, haute gamme, présentait un filigrane royal afin d’attester de leur provenance.

Il collabore avec de nombreux scientifiques, dont Louis Jean-Marie Daubenton (1716-1799), lui aussi originaire de Montbard.

Portrait d'un homme étiqueté « Daubenton », portant un manteau formel avec des boutons et une cravate, sur un fond neutre.

Aux origines de l’astrophysique

Parmi les questions qui hante Buffon, il y a celle qui porte sur l’âge de la Terre. Il souhaite fournir un âge scientifique à la planète, à un moment où c’est la religion qui fixe ce cadre temporel.

Afin d’y parvenir, il s’intéresse à l’astronomie, à l’origine et au façonnage du Système solaire. De fait, il conteste – sans être explicite – les textes saints qui avaient encore, au XVIIIe siècle, une forte influence sur les sciences.

Fixant un cadre théorique plutôt convaincant pour l’époque, il réalise des expérimentations dans ses forges. Construites en 1768, les forges de Buffon deviennent quelque part le premier laboratoire de planétologie.

Vue aérienne d'une ferme rustique en pierre avec un étang, entourée de verdure et de murs en pierre, dans un paysage rural.

Ces travaux lui permettent d’estimer l’âge de la Terre à 74832 ans. L’ensemble est basé sur le fait que la Terre serait née de la collision d’une comète et du soleil. Si le postulat de départ s’avère inexacte, les démarches qu’il met en place posent en réalité les fondations de l’astrophysique de laboratoire – discipline qui ne naîtra que 150 ans plus tard.

Un des pères de la science moderne

Respecté de ses contemporains, les recherches de Buffon engendrèrent une émulation scientifique qui permirent l’essor de nouvelles disciplines, notamment dans les sciences du vivant. Parmi elles, on trouve des spécialités comme la zoologie, la paléontologie ou encore l’anthropologie, des disciplines qui offrent de nouvelles perspectives dès le début du XIXe siècle.


"Les Amis du Patrimoine Européen" est une association française dédiée à l'histoire et aux arts. Son ambition est de développer un cabinet de curiosités numérique (www.ladpe.fr), un musée virtuel et global où sont réunis des objets, des personnes, des histoires et des idées provenant de toute l'Europe.

Tout au long de l'année 2025, le Musée et parc Buffon proposera une résidence virtuelle sur www.ladpe.fr, avec la présentation de 12 pièces de ses collections, en commençant par le portrait officiel du comte de Buffon par Drouais.